En cette période de Jeux Paralympique, c’était une évidence pour moi de vous proposer un article sur les bienfaits de la pratique du violon pour les personnes handicapées.
Non, le violon n’est pas inscrit sur la liste des sports, quoi qu’il puisse apporter le focus, la persévérance, optimiser la concentration et même la visualisation. D’ailleurs, je vous invite à aller lire mes précédents articles sur la pratique du violon chez les adultes, les enfants ou les seniors où je parle justement de tous ces points. Par contre, le violon donne des atouts pour améliorer les conditions des personnes handicapées à bien des égards.
J’ai le plaisir d’intervenir auprès d’elles et de les faire participer à mes ateliers de musicothérapie par le violon. Je pourrais donc vous parler en m’appuyant sur des cas concrets issus de mon expérience professionnelle.
Qu’est-ce qu’une personne handicapée au juste ?
C’est une personne qui présente une ou plusieurs limitations fonctionnelles, physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles. Ces limitations les empêchent de participer pleinement et efficacement à la vie quotidienne, à la société, ou à certaines activités de manière égale aux autres. Ces limitations peuvent être permanentes ou temporaires. Elles affectent la mobilité, la communication, les interactions sociales ou la capacité à prendre des décisions.
Quels bénéfices peut apporter la pratique du violon chez les personnes à handicaps ? Voyons cela en détail.
1- L’expérience est une meilleure (é)preuve que la théorie
Je parlerais beaucoup avec ma casquette de musicothérapeute et des ateliers de musicothérapie par le violon. Mais juste faire essayer et pratiquer le violon à une personne handicapées sans penser « thérapie » derrière est tout aussi bénéfique.
Et, parce que l’expérience est une meilleure preuve que la théorie, je prendrais en exemple quelques personnes handicapées dont j’ai pu m’occuper lors des ateliers. Je citerais ces personnes avec des noms ou prénoms fictifs.
L’autre côté de l’expérience se situe dans le fait que les personnes handicapées peuvent aussi expérimenter le violon, le pratiquer et en jouer à leur niveau et cela pour améliorer leurs conditions. Écouter le violon c’est bien, en jouer c’est mieux !
Écouter le violon c’est bien, en jouer c’est mieux ! »LM
2- Les bienfaits de la pratique du violon chez les personnes à handicaps moteurs
Le premier handicap auquel on pense est bien évidemment le handicap moteur.
Carl a une IMC, c’est-à-dire une infirmité motrice cérébrale qui le fait se tenir en position courbée constamment. Lui mettre un violon sur l’épaule était donc un défi.
Au violon, il faut se tenir droit afin de pouvoir être à l’aise et en sortir des notes. Sa volonté de jouer lui a fait surmonter son handicap en modifiant au mieux sa posture et en se tenant plus droit. La posture assise ou debout droite qu’exige le violon, engage activement les muscles du tronc, y compris les abdominaux et les muscles du dos. Ces muscles sont essentiels pour maintenir une posture stable et pour soutenir le corps. Renforcer ces muscles peut aider les personnes atteintes d’IMC à mieux contrôler leur posture.
Au fur et à mesure, Carl a pu faire travailler sa posture profondément en corrigeant sa posture grâce à la tenue que demande le violon.
Armand a aussi une paralysie cérébrale qui provoque des mouvements incontrôlés et des contractions involontaires.
Vous comprendrez que dans ces conditions, tenir un violon peut devenir une mission impossible car l’archet part dans tous les sens et le violon pourrait tomber. Les premières minutes avec Armand paraissaient compliquées.
Mais, toujours en y mettant sa volonté et en travaillant avec lui, Armand a pu arriver à énormément stabiliser l’archet sur les cordes et jouer la plupart du temps en continu avec des mouvements d’archet réguliers. Une étude de Hackney, Madeleine E. et Janelle D. Hwang sur la pratique des instruments à cordes, a effectivement démontré une meilleur stabilité et un meilleur contrôle postural après plusieurs sessions de musicothérapie.
J’ai compris que la volonté lorsqu’on est handicapé joue beaucoup pour la réussite de défis tel que jouer au violon. Leur volonté et la motivation que l’on peut leur apporter.
3- Les bienfaits de la pratique du violon chez les personnes en situation de handicap mental
Après le handicap moteur, il y a les handicaps invisibles. On y trouve par exemple le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Il y a aussi l’autisme appelé trouble du spectre de l’autisme (TSA) ou encore les troubles spécifiques des apprentissages (dyslexie, dyscalculie, etc.).
Eliane est une femme autiste qui semble tout le temps être dans son monde sans être connecté au réel et aux gens qui l’entourent. Le travail avec elle a été d’établir entre elle et moi des contacts visuels délibérés et soutenus et de lui faire suivre les indications des exercices. Parce que suivre les indications signifie qu’elle décode les informations et active sa mémoire de travail.
Pendant les ateliers, le but a pu être atteint pour Eliane et à son niveau.
En effet, les cours de violon en groupe ou les ensembles musicaux offrent des opportunités pour des interactions sociales. Cela peut aider les personnes autistes à améliorer leurs compétences sociales.
De plus, le jeu du violon nécessite une communication non verbale avec les enseignants (comme le suivi des gestes et des signaux). Ceci peut aider à développer la compréhension et l’utilisation des indices sociaux non verbaux.
La conscience et l’attention d’Eliane ont donc pu être ramené au réel et au présent pendant les ateliers. Le violon lui a permi d’expérimenter à son niveau les rouages de l’interaction sociale.
4- Les bienfaits de la pratique du violon chez les personnes Parkinsoniennes
J’ai toujours en tête Mme Livard, septuagénaire, atteinte de la maladie de Parkinson. A première vu ses tremblements incontrôlés ne lui permettaient pas de tenir l’archet dans l’axe et de le faire glisser sur les cordes sans dérapages incontrôlés.
Au bout de quelques mois, elle a su trouver la stabilité et une posture lui permettant de faire glisser l’archet plus en continu sur les cordes et de diminuer les pertes de contrôle sur le violon. Les ateliers de violon lui ont donné l’opportunité de maîtriser un peu plus ses gestes. Elle a pu leurs faire faire un peu plus ce qu’elle voulait au lieu de se laisser constamment dirigée par eux. Jouer au violon a augmenté son estime de soi et une approche pour maitriser ses gestes. Il y a d’ailleurs une étude de Rodrigues, P., & Viana, J. qui a pu démontrer que la pratique instrumentale aide à améliorer les fonctions motrices et la qualité de vie des personnes atteintes de Parkinson.
EN CONCLUSION
La pratique du violon peut être utilisé dans le cadre de handicaps multiples. Les buts à atteindre et atteignables sont: la réduction des symptômes psychotiques, la réintégration à la réalité, la gestion et la maitrise de la posture, la stabilité des mouvements corporels incontrôlés, l’estime de soi, la bonne gestion des émotions, le travail de la motricité pour donner plus de vigueur et de force, l’engagement cognitive délibéré et conscient impliquant la concentration et l’effort mental.
Le violon est un outil puissant pour développer un meilleur comportement moteur, cognitif et émotionnel chez les personnes handicapées.
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